Bourane-Energia

Pendant mon séjour à Moscou en Avril 2008 j’ai visité le musée Energia. Ce musée se trouve dans l’enceinte de la société NPO Energia (principal constructeur Russe) à la périphérie de Moscou (ville de Korolev).

Cette société a été crée suite à la fusion des deux principaux bureaux d’études de fusées et de moteurs de fusées, l’OKB 1 de Korolev et l’OKB 456 de Gloushko. En 1974 suite à l’arrêt du programme Lunaire soviétique les autorités décident de réunir ces deux bureaux sous un nouvel organisme NPO Energia. Le premier directeur général est Valentin Gloushko de 1974 à 1989.

La visite commence par un couloir qui retrace l’histoire de la conquête spatiale soviétique:

Ensuite une pièce est dédié à Sergueï Korolev:

Sur son bureau son exposés ses affaires de travail, sa règle à calcule (Allemande), ses stylos, et son trousseau de clés dont la clé de son bureau est crénellée pour la retrouver plus facilement dans la poche.

La salle d’après est dédiée aux récompenses de la société:

Pendant les années de crise post-soviétiques, NPO Energia dû se diversifier pour survivre, elle commercialisa des aspirateurs et robots ménagers. Cet aspirateur est là pour leur rappeler.

La partie la plus importante des objets se trouvent dans une grande salle (organisée en deux niveaux) qui a été rénovée il y a quelques années. Cela commence par l’étage avec quelques maquettes et des répliques de sondes. Puis au rez de chaussée sont placés des capsules Vostok, Voskhod, Soyouz, Apollo et même quelques modules de MIR.

Satellites/Sondes:

Spoutnik 1:

Ce fut le premier satellite artificiel de la Terre lancé le 4 octobre 1957 de Baïkonour (Kazakhstan). Son bip-bip ébranlât le monde et signa le début d’une nouvelle ère.
Photo du milieu: le volume central est réservé pour la batterie, à droite on peut voir le ventilateur qui brasse l’air à l’intérieur du volume pressurise.

Photo de droite: récepteur radio du Spoutnik.

Spoutnik 2:

Lancé le 3 novembre 1957 avec à son bord la chienne Laïka. Elle devint le premier être vivant à orbiter autour de la Terre. Elle mourrue seulement quelques heures après la mise en orbite suite a un problème de régulation thermique de l’habitacle.

Spoutnik 3:

Ce fut le premier satellite scientifique de l’URSS. N’ayant pas pu être fini pour le lancement du 4 octobre 1957 il ne fut lancé que sept mois après le 15 mai 1958. Ces instruments devaient fournir des informations sur la densité de la haute atmosphère, les rayons cosmiques, les rayonnements solaires, la présence de particules de haute énergie et de micrométéorites. Mais l’objectif principal de la mission était l’étude des ceintures de radiations de Van Allen, découvertes peu de temps avant par le satellite américain Explorer 1.

Photo de gauche: on peut voir dans la partie base les panneaux de thermo-régulation, ils s’ouvrent et se ferment pour laisser passer la chaleur ou la garder.
Photo de droite: la majeure partie du volume est occupée par des batteries conventionnelles.

Luna 2:

Luna 2 est la deuxième sonde Lunaire lancée le 12 septembre 1959. Elle s’écrasa sur la Lune le 14 septembre suivant. Du point de vue scientifique, Luna 2 restera dans l’histoire comme la première sonde à avoir prouvé la présence du vent solaire dans l’espace grâce à son piège à ions. Elle a également confirmé l’absence de champ magnétique (détectable) de la Lune et révélé l’absence de ceinture de radiations autour de la Lune.

Luna 3:

La sonde Luna 3 est la première à photographier la face cachée de la Lune entre le 4 et le 22 octobre 1959.

Luna 9:

Lancé le 31 janvier 1970 cette sonde a été la première à réussir un atterrissage en douceur sur un corps céleste et à transmettre des images du sol. La sonde, de forme sphérique, s’ouvre comme une fleur grâce à ses pétales, ce qui permet de la redresser dans le cas où l’atterrisseur l’aurait mal positionné. Des baguettes télescopiques sortent avec des morceaux d’aluminium pendus à des ficelles. Ce dispositif permet de voir, grâce à la caméra 360°, si il y a du vent sur la Lune.

Elektron 1 et 2:

Les satellites Elektron 1 et 2 furent lancés en même temps par une fusée Vostok le 30 janvier 1964. C’est une nouvelle série de satellites scientifiques dont le but était de mesurer la ceinture de Van Allen.

Venera 8:

La sonde Venera 8 est lancée le 27 mars 1972 en direction de Venus. Le module de descente rentra dans l’atmosphère Vénusienne le 22 juillet 1972, elle transmit des données télémétriques pendant 50min et 11s à la sonde en orbite avant d’être détruite suite à l’atmosphère particulièrement corrosif de la planète.

Vaisseaux spatiaux:

Vaisseau Vostok:

C’est le premier vaisseau spatiale Soviétique. Il est doté d’un siège éjectable qui éjecte le cosmonaute à 7 km d’altitude. Ce choix a été fait car il n’y avait pas encore de rétrofusées d’atterrissage (comme sur le vaisseau Soyouz) pour absorber l’accélération négative au moment de l’impact au sol. Ce fait sera caché pendant 17 ans suite à l’exploit de Gagarine et des premiers cosmonautes pour s’assurer que leur vols soit homologués par les instances internationales (en effet pour qu’un record soit enregistré le pilote doit rester dans l’appareil jusqu’à l’atterrissage).

On voit très bien sur la photo du milieu les lanières métalliques qui retiennent le module de service au module de rentrée (sphère). Un système de boulons explosifs séparent ces deux modules peut avant la rentrée dans les couches denses de l’atmosphère, au cas où une défaillance surviendrais, la chaleur de frottement peut détruire les lanières et libérer le module de descente.

Vaisseau Vostok des chiennes Belka et Strelka:

Le vaisseau de ces deux chiennes est un Vostok modifié pour accueillir les deux capsules (similaires à celles de Spoutnik 2) des deux chiens. Elle passèrent une journée en orbite le 19 aout 1960. C’est le premier vol orbital qui permet de récupérer vivant les occupants du vaisseau.

Vaisseau Vostok de Gagarine (12 avril 1961):

Voici la capsule dans laquelle Youri Gagarine fit son vol historique en orbite autour de la Terre.

Photo du milieu: Poche pour le parachute principal.
Photo de droite: Plaque de connexion avec le module de service, on voit très bien la structure en nid d’abeilles ainsi que les différentes couches du bouclier thermique (de type abrasif).

Siège éjectable de Valentina Tereshkova (première femme à être allée dans l’espace):

Vaisseau Voskhod:

Le vaisseau Voskhod est une modification du Vostok, puisqu’il permet d’emporter trois cosmonautes. Ils avait pour but de conforter l’avance des Soviétiques par rapport aux Américains avec leur programme Gemini (deux astronautes dans une capsule Mercury modifiée).

Dès le deuxième vol le vaisseau est modifié pour supporter un sas gonflable. Par contre, vu les risques éventuels du à cette mission les cosmonautes doivent porter une combinaison et cela réduisit le nombre de cosmonautes à deux. Voici un des sept sas construits pour la mission du Voskhod 2.

Combinaisons spatiales:

Photo de gauche:

SK-1: combinaison des cosmonautes de Vostok (Gagarine, Titov, Tereshkova, …).
Sokol: combinaison des cosmonautes de Soyouz.
Combinaison de survie en mer.
Orlan: combinaison pour les sorties extra-véhiculaires.

MIR:

Photo de droite: impactes de micro-météorites sur des panneaux solaires de MIR.

Photo de gauche: extrême gauche, module Kvant-1 (bloc d’instruments scientifiques).
Photo de droite: nœud de jonction.

Photo de gauche: détails du module d’arrimage (pour Soyouz ou Progress) au module Kvant-1.
Photo de droite: détails du nœud d’arrimage.

Mission Apollo-Soyouz:

En 1975 a lieu la première mission de coopération entre les soviétiques et les américains. Cette mission n’a pas de réel but scientifique et technique puisque les principaux aspects sont déjà maitrisés pas les deux pays (mission de longue durée, rendez-vous orbital,…). Par contre le point important est la collaboration que cette mission implique dans le contexte de la guerre froide. Des ingénieurs soviétiques se rendent aux Etats-Unis et vise versa pour travailler et s’assurer de la bonne compatibilité des appareils.

Equipage soviétique: Alexei Leonov, Valery Kubasov.
Equipage américain: Thomas Stafford, Vance DeVoe Brand, Donald Kent Slayton.

Une anecdote amusante porte sur le système d’arrimage. Les deux vaisseaux comportent un système de jonction de type mâle mais aucun ne veut modifier sa pièce d’arrimage en mode femelle. Après d’après discussions se sont finalement les américains qui vont développer un système androgyne (bloc noir entre les vaisseaux) pour que le Soyouz puisse s’y arrimer.

Photo de droite: système de jonction androgyne.

Capsule Soyouz de retour de la mission:

Salle du musée:

Maquettes:

Voici quelques maquettes du projet de navette spatiale réutilisable Klipper, développé par NPO Energia.